jeudi 16 février 2012

« L’humour est enfant de nos haines »



Jacques Prévert, lui,  avait de l'humour.


On aurait souhaité que Jacques Prévert se trompât.
Pourtant l’actualité médiatique, le buzz des clashs entre humoristes et politiques sur Youtube ou Dailymotion lui donne étonnamment raison.
Pourquoi ? Car depuis Stéphane Guillon et sa fameuse chronique sur DSK à l’antenne de France Inter, on assiste de plus en plus à une implication des « humoristes » du PAF en politique.

Parce qu’il semble que le seul moyen de percer pour ces gens, soit de croquer de l’élu au petit-déjeuner. Dernière en date, Sophia Aram, l’humoriste (encore que…) de France Inter, qui après l’altercation qui l’opposa à Nadine Morano sur les ondes, s’est fendue d’une tribune dans « Libération » exigeant la démission de ce ministre. On croit rêver !

Je ne pense pas que Sophia Aram cherchait à être drôle lorsqu’elle traitait ce ministre de la République de « vulgaire ». D’ailleurs Sophia Aram a-t-elle une fois été drôle ? J’en doute.
Nadine Morano y arrive très bien elle, à ses heures perdues, ou au détour d’un tweet. Madame Aram devrait peut être lui demander conseil.

Cet exemple démontre bel et bien que ce sont aujourd’hui ces gens qui portent la parole politique la plus acerbe, qui déclenchent les polémiques, qui rappellent à l’ordre nos dirigeants. Pourtant je ne crois pas qu’un homme politique ait, ne serait-ce qu’une fois, à se justifier devant un trublion du PAF.

Serait-ce alors le signe que le journalisme politique s’appauvrit comme le soulignait le politologue Stéphane Rozès ? Encore une fois je ne le crois pas.
Il suffit de lire les unes respectives du Figaro et de Libération pour comprendre que nos médias sont encore et toujours - peut être plus que jamais - engagés dans le combat politique (mais c’est un autre sujet).

Nos concitoyens devraient dès lors se méfier de ces « artistes »  beaucoup trop insolents, qui se prennent au sérieux en lançant des attaques gratuites et personnelles. Car il est ô combien facile et lâche de donner dans la provoc facile derrière le bouclier de l’humour.

Et ce sont les comiques qui le disent : pour rester crédible, il faut savoir taper sur tout le monde et ne pas trop montrer ses opinions propres. Les amuseurs politiques, on s’en méfie donc et à juste titre.
Attention donc à la glissade de trop Madame Aram ! Rappelez vous l’exemple de votre « pair », Monsieur Guillon !

Les Guillon, Aram, Barthès et Bedos devraient finalement regagner les scènes de leurs théâtres et réaliser que nous aurons toujours besoin d’élus, de journalistes et de citoyens - peut être beaucoup plus sérieux et ennuyeux - mais qui, par intérêt pour la politique, font réellement fonctionner la démocratie.

mardi 7 février 2012

L'indifférence se paie aussi





Le prix de l’essence est encore et toujours à la hausse. De nouveaux sommets sont donc atteints dans une quasi-torpeur générale digne d’un chaud mois d’août en plein soleil sudiste. Quand je parle de la torpeur générale, ce n’est pas celle du pauvre hère qui doit remplir son réservoir pour aller au travail, mais bien celle de nos brillants hommes et femmes politiques, tous bords réunis.

En fait est-ce de la torpeur, de l’atonie ou peut-être tout simplement une cruelle indifférence ? Jusqu’à présent, hormis à droite de pointer un doigt accusateur sur le pétrolier hexagonal et à gauche de ressortir la superbe idée de la TIPP flottante qui n’a jamais très bien marché, rien en vue, rien je vous dis.
C’est à se demander si nos dirigeants ou prétendants dirigeants sortent leur carte bleue à la caisse de la pompe les fins de semaine lorsqu’ils emmènent leur progéniture voir tatie à la campagne. En fait, j’en doute aujourd’hui … il doit y avoir des pompes à essence spéciales pour les hommes politiques ou simplement ceux-ci n’ont pas de tatie campagnarde … Naïveté quand tu nous tiens !

En fait, le piètre économiste que je suis ne comprend jamais. Que le dollar baisse, que l’euro augmente, que l’Iran tousse ou que l’hiver soit froid comme tous les hivers, que les vacances approchent et que la demande augmente, les prix sont sans cesse à la hausse.

Ce qui est  certain aujourd’hui, c’est que le consensus est absolu sur tout l’échiquier politique de ne surtout pas toucher aux taxes exorbitantes sur les produits pétroliers.

Bravo, voilà bien le seul consensus politique des prochaines présidentielles. Quelle aubaine pour l’Etat ! Les revenus sont garantis, et tout cela sous couvert d’un parfait désintéressement. Toucher au portefeuille du consommateur, vous n’y pensez pas dit le Président du pouvoir d’achat !

Ainsi cette question du prix du carburant rejoint plus généralement celle de la baisse inquiétante du pouvoir d’achat des ménages. Il suffit d’aller faire les courses de temps en temps pour en être convaincu. Malheureusement, cela intéresse-t-il encore la classe politique d’aujourd’hui ? Je n’en suis pas sûr. Mieux vaut éviter les embrouilles et débattre à satiété sur des sujets d’importance comme celui de la civilisation, sous les ors dorés des palais nationaux. C’est beaucoup moins difficile et surtout plus intellectuel pour nos prodigieux énarques dont je serai surpris qu’ils connaissent le prix de la baguette de pain.

Si un seul conseil était à donner à nos beaux prétendants à la course à l’Elysée, ce serait celui de s’intéresser un peu plus aux problèmes de leurs concitoyens et de sortir enfin le nez des brasseries parisiennes où le prix du café n’est pas celui que peut payer l’homme de la rue.

lundi 6 février 2012

Tristes tropismes


Claude Guéant


Affirmant samedi devant un groupe d’étudiants de l’UNI que « toutes civilisations ne se valent pas », Claude Guéant a réveillé une fois de plus l’ire de la gauche. Réflexe pavlovien quand tu nous tiens…


Les valeurs de la République auraient bel et bien du souci à se faire si la gauche remportait la présidentielle de 2012.  Dans un discours portant justement sur ces mêmes valeurs, le ministre de l’Intérieur a eu le malheur, samedi 4 février, de confronter l’humanisme de la République (encore que cela reste à prouver dans certains domaines) à quelques civilisations sous la coupe de régimes totalitaires.

Moyennant quoi, Claude Guéant étant sûrement meilleur ministre qu’ethnologue, on ne retint de ce discours que : « Toutes les civilisations ne se valent pas ». Horreur pour la gauche! Monsieur Guéant, arrêtez de faire le jeu de l’extrême droite !

Mais à l’heure où le monde médiatique s’enflamme, reprenons un peu de hauteur sur cette déclaration et sur les réactions qu’elle a entraînées et laissons le Front National, dont on l’accuse de faire la promotion, se dépêtrer avec ses 500 signatures…

Commençons pour cela par penser à ce que disait Claude Levi-Strauss, l’auteur de « Race et histoire », qui lui-même affirmait la relativité des civilisations. Et il savait de quoi il parlait…

Si chaque journaliste avait le bon sens de remettre cette phrase dans son contexte, il admettrait qu’un régime, une société, qui n’accorde pas les mêmes droits fondamentaux à ses citoyens, n’a pas les mêmes valeurs que la société française. Malheureusement pour Monsieur Guéant, il ne doit pas jouir de la même estime chez une intelligentsia bien-pensante.

Alors oui, louons les valeurs de la France, pays de la liberté et des droits de l’homme, condamnons toutes les formes d’obscurantisme et de tyrannie. Quant au relativisme culturel reproché à ce ministre, un peu d’honnêteté intellectuelle montrerait vite qu’il s’agit pour une fois d’un relativisme culturel logique.