Nathalie Saint-Cricq, rédactrice en chef du magazine "Des paroles et des actes"
Alors que la campagne électorale bat son
plein, il est intéressant de se poser la question de la neutralité des médias
du service public.
Cette réflexion, de plus en plus de gens en
France se la posent, et bien plus après la calamiteuse émission de France 2
« Des paroles et des actes » de la semaine passée où l'invitée
principale était Marine Le Pen.
A cette occasion, on a pu être choqué de voir
Nathalie Saint-Cricq s'en prendre avec une violence à peine contenue à la
présidente du FN ou bien monsieur Pujadas y aller de ses réflexions mouillées
d'acide dans le prolongement des propos tenus par cette même responsable
politique. Très clairement et c'est choquant, à l'occasion de ce débat, nous
avons pu remarquer que ces deux journalistes ne glisseront pas dans l'urne un
bulletin pour ce parti au mois d'avril.
Peu importe que l'on soit sympathisant du FN
ou non. Cette réflexion, nous pouvons aussi l'exprimer à propos de n'importe
quel parti politique.
La seule question à se poser est bien celle de
savoir si un média financé par l'argent public, c'est à dire par l'argent de
tous les contribuables français (rappelez-vous la petite case que l'on coche ou
non sur la déclaration des revenus …) peut servir à promouvoir ou a contrario
détruire les idées politiques des candidats.
Une telle question ne veut pas dire qu'il ne
doit pas y avoir de débats lors de ces émissions, mais il me paraît essentiel
que le journaliste du service public doit être neutre dans ses réflexions à
l'antenne. Faut-il alors mettre en place un certain devoir de réserve comme on
le trouve dans certains services de l’État, ou une charte déontologique ?
Il pourra m'être objecté que dans l'ancien
temps, celui des années de Gaulle ou Mitterrand, les médias officiels étaient
relativement muselés, la pensée du Prince en place étant distillée au bon
vouloir du Château, et donc qu'aujourd'hui il est bon pour les journalistes des
médias publics de prendre enfin une revanche sur les despotes en charge des
affaires nationales.
C'est quand même oublier un peu rapidement
qu'en ces temps là, les médias audio ou télévisuels sous financement
entièrement privés n'existaient pas. Souvenons-nous des chasses aux sorcières
qui succédaient aux élections présidentielles.
Le monde a changé.
La télévision privée s'est développée avec une
rare énergie aux côtés de la télévision publique. Et les mêmes actions
produisant les mêmes effets, nous assistons aujourd'hui à un réel cloisonnement
idéologique des médias privés, en particulier audiovisuels. Citons Tf1 pour un
bord, Canal pour un autre.
En réalité, ceci n'est pas choquant puisque
les fonds les alimentant ne proviennent pas des caisses de l’État, et que le
contribuable n'est pas l'actionnaire du conseil d'administration de ces
sociétés.
Dès lors, plus que jamais, face à ce Yalta des
médias privés, tout milite pour que les médias audio ou télévisuels publics
expriment une relative neutralité dans le débat politique des élections à venir
et qu'ils n'accompagnent pas en particulier l'actuelle violence des propos tenus
par certains candidats.
On ne peut alors que souhaiter que le
contribuable en aura alors pour son argent.