vendredi 19 avril 2013

Eh Karl, tu déconnes !


cc/flickr/Pierre Metivier

Ce matin alors que je faisais mon petit footing sur la lande, pas celle de Notre-Dame ravagée par les pseudo écolos-libertaires-anar vitaminés au shit et au son électro, je me suis remémoré les mots écrits dans ta lettre ouverte à ta belle-sœur Frigide Barjot.

Au delà du fait que je trouve un peu fort de faire partager au grand public vos désaccords familiaux, ce qui augure d’une sacrée ambiance dans les repas de famille de fin d’année, je me suis dit que tu déconnais un max.

Je t’avouerai avec une grande franchise que je n’ai jamais été très fan de tes émissions, interviews et pitreries, mais là c’est vraiment zéro pointé. Comme quoi, tu mérites bien le nom que tu t’es choisi.

Quelle mouche t’a ainsi piquée de nous mettre en garde contre le démon annoncé d’une dictature en devenir avec le mouvement initié par ta belle-sœur ?

Je sais que l’analyse politique vue de la terrasse des Deux Magots sur le boulevard Saint-Germain est quelque peu différente de ce que nous ressentons en province, mais là tu pousses le bouchon trop loin.

J’ai beau aller de manif en manif, je t’assure que je n’ai pas vu de chemise brune ou de francisque mal cachée, seulement beaucoup de familles, des gars en cravate ou pas qui sortaient du bureau et des jeunes gens assez bien dans leur peau. Face à eux, des escadrons toujours plus nombreux de CRS ou de Mobiles, casqués avec boucliers et armement de circonstance, prêts à foncer et à casser du voyou.

Quitte à parler d’un cheminement vers la dictature, à vraie dire plus intellectuelle que physique, autant analyser les actes gouvernementaux de ces dernières semaines envers la Manif Pour Tous.

Des violences policières contre des familles respectables, en passant par un comptage très partial des manifestants, sans oublier une désinformation permanente sur les actions du collectif et une manoeuvre législative plus que douteuse au Sénat et à l’Assemblée, tout y est ou presque pour donner le sentiment que la liberté de s’exprimer autrement est entièrement bridée mais surtout méprisée.

Personne n’ignore aujourd’hui que cette opposition virulente contre le mouvement pacifique de Frigide est pilotée par les si influentes loges maçonniques et surtout par un puissant lobby gay conduit par le fortuné Pierre Bergé, celui-là même qui a si bien aidé à la victoire de François Hollande.

Même si par moment, on peut être surpris par quelques paroles malheureuses de Frigide, il ne faut pas oublier qu’elle est quand même sur le pont depuis huit mois, de manière continue et sans un appareil politique ou syndical derrière elle pour l’aider. On peut dès lors comprendre sa fatigue dans l’organisation de ce combat très respectable et toujours pacifique.

Je suis dur avec toi car en définitive ce qui me déçoit le plus, c’est que tu aies perdu ta liberté de ton proverbiale, au profit d’un discours confus et assez médiocre dont on bien voit par qui il est écrit.

Je ne sais pas si tu perdras des admirateurs suite à cette lettre destructrice pour ta famille, mais je pense que tu n’en gagneras pas vraiment.

Nous de notre côté, on va poursuivre car comme le disait si bien le poète et résistant René Char, l’impossible nous ne t’atteignons pas mais il nous sert de lanterne.

Cordialement.

Yann.

lundi 8 avril 2013

Courage, fuyons …


Najat Vallaud-Belkacem aurait-elle perdu son sourire en fuyant face aux manifestants anti-mariage gay venus l'attendre sur le quai de la gare de Rennes ?

Alors que les organisateurs de la « Manif pour tous », ignorés et méprisés par le gouvernement, variantent leurs modes d’actions contestataires, il me paraît utile de mettre ces derniers en parallèle avec des précédentes manifestations et de se pencher sur la stratégie à consolider.

Afin de ne pas alourdir le débat, il ne sera pas fait mention de l’attitude de notre nouveau chef de bataille autoproclamé car elle est inexistante. Du haut de son Mordor élyséen, nul besoin au monarque sous influence des lobbies ultra-minoritaires de discourir sur des sujets aussi si peu sensibles …

Donc, intéressons-nous dans ce petit billet d’humeur à cette nouvelle guérilla ou petite guerre mise en œuvre par les résistants au mariage pour tous. En référence à son Manifeste de 1812, Clausewitz ne les renierait pas.

Sur le plan historique, notre brillante Delphine Batho, dont les études dans ce domaine à Jussieu ont été si précocement raccourcies pour cause de militantisme aggravé, pourrait sans aucun doute nous apporter de réels éclaircissements méthodologiques sous un prisme très révolutionnaire.

En effet, n’était-elle pas présente avec conviction lors des manifestations lycéennes de 1986 (elle a 13 ans  …) ou de 1990 avec la FIDL ? Avec succès semble-t-il puisque ce fut un très bon marche pied vers un maroquin ministériel à l’identique de son ami Bruno Juillard dont les destinées furent plutôt municipales. Mais il est vrai que les revendications des étudiants sont incontestables car tellement réfléchies et toujours apolitiques …

A l’époque, en complément de manifestations de rue parfois très violentes comme lors de celles du CPE en 2005, leur guérilla s’est inscrite essentiellement dans le champ médiatique. Présents partout avec des mots simples et une rhétorique efficace et attirant d’emblée la sympathie de l’homme de la rue par la candeur déployée. En quelque sorte, le combat des pauvres contre les puissants.

On pilote ce qu’on connaît bien, surtout lorsque l’appareil médiatique du parti socialiste se met entièrement au service de votre action. Bien sûr, sans arrière-pensée politique, cela va de soi.

C’est bien là la grande différence avec la situation des manifestants contre le mariage gay aujourd’hui.

Très peu de médias ne leur sont favorables. Un véritable black out de l’information assez inquiétant mais qui commence à se lever doucement si l’on se réfère à de très récents articles sur les blogs de Rue89 et de TechnikArt.

Nos manifestants ne peuvent donc s’appuyer que sur une sympathie populaire grandissante et sensibilisée par des actions ponctuelles fortes interpelant par leur caractère répétitif.

La sympathie populaire est donc un centre de gravité qu’il ne faut jamais ignorer et toujours favoriser. Il est incontestable que c’est l’un des principaux leviers d’action qui emportera la décision. On ne se met pas indéfiniment en travers d’un peuple qui vote, surtout lorsque la situation économique et sociale est catastrophique.

Ainsi, à l’heure où le chef de l’Etat demande à son gouvernement d’aller avec conviction sur le terrain, le fait de battre la campagne et de perturber inlassablement les déplacements de nos ministres ou députés, comme ce fut le cas avec notre si impartiale ministre de la Justice à Lyon, est une stratégie qui peut se révéler payante à moyens termes, surtout si elle s’appuie sur des actions d’ensemble visibles et amplifiées par de puissantes caisses de résonnance.

Le long terme quant à lui pourrait être de faire comprendre au gouvernement qu’en dépit d’une promulgation de la loi suite à son passage au Sénat, les manifestants très déçus et toujours mobilisés pourraient alors occuper d’autres champs revendicatifs et créer alors plus de désordres qu’il n’y aurait de gains à remporter pour le gouvernement avec cette loi pour le mariage.
Une stratégie du faible au fort que le général Poirier aurait apprécié.

Intensifier l’action de guérilla pacifique lors de tous les déplacements officiels, harceler avec correction les responsables politiques sur les réseaux sociaux tout en grignotant inlassablement les médias, afin in fine de remporter la bataille des cœurs auprès de la population. Voilà la clef du succès.

A défaut d’accepter le combat des mots et de lancer le débat dans un référendum national, l’attitude immédiate du gouvernement ne pourra être que dans la fuite à l’image de Najat Vallaud-Belkacem à Rennes il y a quelques jours.

Mais rappelons-nous que la fuite ne paye jamais. Bordeaux n’est pas Londres.